Projet d'affiche pour l'université citoyenne d'ATTAC cet été, sur le campus du Mirail. La foule c'est cet espace maximum du singulier. C'est très compliqué à dessiner une foule. Même Sempé se fait avoir parfois : il faut dessiner chaque être individuellement. On serait tenté par exemple de faire des bonhommes, de les répéter... Alors que, les dessinant, il faut se demander : "elle, est-ce qu'elle porte un chapeau ? Et celui-là, où il habite, comment il s'habille, qui sont ses parents... ?... Et ainsi de suite. Liebniz parle de ça d'une certaine manière dans la Monadologie :
"Et pour juger encore j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit comme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule. Car il faut qu'on en soit affecté un peu par le mouvement de cette vague et qu'on ait quelque perception de chacun de ces bruits, quelque petits qu'ils soient; autrement on n'aurait pas celle de cent mille vagues, puisque cent mille riens ne sauraient faire quelque chose"
Le bruit de la mer n'est qu'une excuse, une approximation que l'oreille tendue saura déjouer. La foule n'est qu'un mythe si l'on ne sait la voir, AVANT TOUT, comme une adhésion de vagues uniques, une agrégation de singularités infinies.